L’automne m’émerveille, ouais. On se les caille, c’est clair, mais je continue de dormir à poil. Va savoir pourquoi, vieux, j’adore regarder les paysages crever joliment. L’hiver, c’est une autre histoire, ça me fout le cafard, sauf quand il neige. Quand c’est mort pour de vrai, là, ça me déglingue. Heureusement qu’il y a Noël. Enfin bref. Garde ta bière pour toi ce soir, je ne suis pas qu’une foutue caricature. On parle mieux sans l’alcool, et on écrit mieux sans être bourré. Ouais, je deviens chiant, je sais, mais je m’en tape.

Tout à l’heure, au taf, j’ai demandé à un gamin c’étaient quoi ses rêves. Qu’est-ce qui lui filait encore un peu de jus ? Il m’a dit : rien. Rien du tout. Ça m’a foutu un coup. Comment tu te lèves le matin si t’as même pas un putain de rêve pour te tirer hors du lit ? Le gamin, il a rien dans le ventre. Pas un espoir, pas une envie. Il bande même pas en ouvrant les yeux, j’parie.

Moi, des fois, je rêve des morts. Les miens. Ceux que t’as aimés, puis qui ont filé en douce, genre dans la nuit, pour ne plus jamais revenir. J’crois pas en Dieu, mais je me surprends à espérer les retrouver un jour, quand j’aurai fait mon tour ici. J’fleuris pas les tombes avec des roses, mais avec des souvenirs, dans mon cœur. Les cimetières, ça me fout la trouille.

Et puis, y’a elle. Chaque nuit, elle débarque dans mes rêves. La salope, la fille extra qui m’a niqué le cœur. Tu savais, toi, qu’au Japon, où ils bossent comme des tarés, tu peux filer un certif’ à ton boss avec marqué « chagrin d’amour » comme motif ? Si j’avais été japonais, j’aurais pas bossé beaucoup cette année. Mais de toute façon, j’aime pas bosser. J’aurais été un sacré mauvais japonais.