Miser de gagner à l'Euromillion.
« Ce soir, je vis ma dernière nuit de pauvre. »
Il regarde ses collègues, presque attendri. C’est leur dernière conversation sur un dossier pourri qu’il n’a même pas lu, leur dernier café sans mousse dans la salle de pause. Demain, il sera sur une terrasse à Lisbonne, le soleil sur le front et un mojito dans la main gauche.
Il s’imagine déjà les messages de ses ex. Ces grandes amoureuses amnésiques qui reviendront, tremblantes de lucidité tardive : « J’ai toujours su que t’étais différent. Trop bien pour moi. Trop intense. Trop tout. »
Ses parents seront enfin fiers. Ils diront à tout le monde qu’ils ont cru en lui depuis le berceau.
Ses potes — ceux qui ne décrochent plus — deviendront soudain disponibles. Ils proposeront des virées à Miami comme on propose une soirée fondue : sans honte, sans gêne, avec enthousiasme et Airbnb.
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