La plume perchée de Sébastian Blysk

C'est fun et triste à la fois. Une définition prosaïque de la mélancolie.

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Par Sebastian Blysk
27 nov. · 1 mn à lire
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L'amour qui, éventuellement, s'en va déjà.

Histoire inédite.

Ça devait pas durer longtemps, cet amour. Trop d’écart. Trop de manques qui s’entrechoquent au lieu de se combler.
– Je veux des gosses, qu’il dit.
– Mon corps veut pas. Mon envie non plus, j’crois, qu’elle répond.

Moi, je les regarde, ces deux-là, plantés devant moi. Et ça me saute aux yeux : ils sont foutus. C’est bien beau l’amour, ouais, mais y a la vie aussi, et la vie, elle, s’en fout. L’amour, ça pèse pas bien lourd quand y a rien pour le porter. Peut-être que j’me trompe, mais… non. Ils sont mignons, c’est sûr, mais mignons, c’est pas assez.

La fille, tu vois direct qu’elle a pris cher. Pas juste une éraflure, non, des coups bien profonds, de ceux qui te marquent jusqu’à l’os. Une fameuse histoire derrière, un truc qui la suit encore. Le gars, c’est un mélancolique en vrac, un collectionneur de vide. Il vit avec ses souvenirs comme d’autres vivent avec un cancer. Ils s’aiment, oui. Ça crève les yeux. Mais ça n’ira nulle part.

Je leur dis. Pas méchamment, juste pour prévenir : Vous allez vous éclater la gueule. Et eux, ils rigolent. Ils me traitent de con, de défaitiste, et ajoutent en soupirant : Ouais, ça sera pas facile.

Alors pourquoi continuer ? Ils savent pas. Juste, ils sont cinglés. Prêts à s’ouvrir en deux pour une illusion. La douleur ? Ils s’en foutent.

Moi, je m’entête : Vous filez droit dans le mur, mes cocos. Et c’est pas un petit choc que vous allez vous prendre. Ça va être moche, ça va arracher. Vous allez pleurer comme des gosses perdus, et après… après, y aura plus rien. Vous allez baiser comme des lapins, ça, pas de doute, mais quand le dernier soupir aura sonné, vous regretterez. Vous vous retrouverez seuls, avec ce trou dans le ventre. Toi, mon gars, t’auras toujours ton envie de mômes, mais elle, elle en a déjà trop. Une équipe entière, bordel. Et puis, vous êtes même pas dans la même ville, vous jouez à quoi, là ? Vous voulez vraiment vous enterrer vivants ?

Je les regarde, et je sais déjà comment ça finit. Lui, il partira, forcément. Pour une autre. Une fille différente, mais pas tant que ça. Une fille avec une autre folie, une autre lumière. Et elle, elle s’en ira aussi. Parce que le peu qu’il lui donne, ce trop maigre, finira par la dégoûter. Elle connaît l’amour trop bien pour encore y croire.

Mais rien à faire. Ces tarés n’écoutent pas. Les amoureux, c’est comme ça : des cons persuadés d’être plus malins que la vie.