Littérature de comptoir

5. Julian parle de l'écriture, dézingue les médiocres, et d'autres trucs de la vie.

Quand mes doigts se mettent à frapper les touches du clavier de mon portable, je suis moi. Même quand je débloque. Même quand ce n’est pas exact. Seul le vrai compte, qu'importe si c’est faux. Ouais mon vieux, il n’y a pas que mon ami qui écrit, je bosse les mots aussi, comme un boxeur cogne dans le sac. Et peut-être que cet ami, c’est moi. Il va bien d’ailleurs.

Comment je vais ? T’as le temps pour deux bières que je t’explique un peu ? Pour commencer, et rien à voir avec moi, mais ça me débecte de voir des médiocres réussir dans la littérature. J’ai lu l’autre jour les torchons d’un compte sur les réseaux, un « bouquin une histoire », ou un truc du genre. Déjà, son nom, c’est de la merde. Bref. Ça a signé dans une belle maison d’édition. C’est révoltant. Ça se prétend poète, qui plus est. Non, mais t’as raison mon vieux, ça a toujours existé ; c’est une espèce rare, les écrivains, tu sais, les vrais, ceux qui n’ont pas peur de se mettre à poil, les tripes sur la table.

Sinon, ça roule. Je vis parce que le cœur a besoin de ça pour ne pas clamser. Ouais, de la vie. J’essaie d’en foutre dans mon existence : ça va d’essayer de croire à une relation jusqu’à porter la croix d’un chagrin d’amour. Ça occupe.

Mais je reviens à l’écriture deux minutes. C’est bien, ce truc-là. Ça ne sauve pas et ça ne permet pas d’aller vachement mieux, mais c’est pas dégueulasse. L’écrivain et l’humain derrière sont les mêmes, mon vieux. De toute façon, quand on commence à torcher des mots sur une page blanche, c’en est fini de n’avoir qu’une vie. C’est une confidence que je te fais là.

Et finalement, t’as pris ton billet d’avion pour cette jolie dame ? T’as bien fait, c’est con de vider son portefeuille simplement pour vider ses bourses. Tu peux le faire ici. Moi, je pars seulement si ça me remplit le cœur. Et puis qu’elle vienne, mon vieux, t’as un bar à faire tourner !

Bon dimanche soir à toi et à très vite.

La plume perchée de Sébastian Blysk

Par Sebastian Blysk

Ecrivain, et travailleur social (ou inversement)

Auteur d’Une Petit longue déclaration, recueil publié le 9 mars 2022
aux éditions Frison-Roche Belles-lettres.

“Les Fragments d’un chagrin” est sorti le 29 janvier 2025 aux éditions Lys Bleu

Je suis dans la rédaction d’un roman.

Les derniers articles publiés