Littérature de comptoir

9. Julian ...bah il a quoi Julian ?! Il y a trop de vies dans ses rêves, voilà tout !

La bouteille, ce soir, tu me la poses direct. Faut que j’oublie, mon vieux.
J’ai mal dormi cette nuit, réveillé par des bouts d’vie d’avant, des souvenirs ou un truc dans le genre. Bref, des rêves. J’avais encore son sourire collé au mien, j’pouvais presque respirer ses cheveux. On s’réveille parfois avec une existence quand on se pense presque mort. Ce matin, j’ai roulé avec des larmes sur les joues, pourtant y avait du soleil.
J’ai pensé à celle qui est là avec moi en ce moment, et j’ai eu de la peine pour elle. Un jour, qui sait, y aura plus qu’ses yeux.

Ouais, je sais c’que tu vas dire : va voir la femme espoir. Mais va savoir qui c’est, celle-là. Y en a tellement que j’ai déjà foutues dans ce rôle. Parce que j’sais bien qu’à chaque fois, ça se termine vite. L’espoir, c’est une blague, ça s’éteint toujours avant que ça chauffe. Moi, souvent, je m’fous de celles qui passent. Je me lasse vite.

Mon pote, lui, il est plus heureux. Il s’en fout royalement. Il m’a dit un jour que la beauté du chagrin, c’est que t’es déjà en bas. T’peux pas vraiment descendre plus. Lui, il écrit. Et il rigole dès qu’il peut. Il éclate de rire, comme ça, sans raison.

On crève d’amour quand on n'a que ça en rêve.

La plume perchée de Sébastian Blysk

Par Sebastian Blysk

Ecrivain, et travailleur social (ou inversement)

Auteur d’Une Petit longue déclaration, recueil publié le 9 mars 2022
aux éditions Frison-Roche Belles-lettres.

“Les Fragments d’un chagrin” est sorti le 29 janvier 2025 aux éditions Lys Bleu

Je suis dans la rédaction d’un roman.

Les derniers articles publiés