15. Julian est de retour, il réécrit, et veut que son ami écrivain reprenne ses esprits. Quel bougre celui-là !
Ça faisait un bail, hein mon vieux. J’avais d’autres trous où noyer mon chagrin, mais on dirait bien que ça va mieux. La vie, tu sais ce que c’est, faut bien la bouffer comme elle vient. J’ai remis la main sur l’écriture, sur les réseaux cette fois, histoire d’instaurer un semblant de routine. Et puis, faut être honnête, c’est là que le monde regarde aujourd’hui. J’ai des rêves, mon vieux, tu sais ce que c’est…
Toujours aussi convaincu que l’amitié à distance, c’est du bricolage. Un copinage qui voudrait se faire passer pour de l’amitié, rien de plus. L’amour, c’est autre chose peut-être. Un pote à plus de cent bornes, tu vois, le temps que t’arrives, ta bière elle est tiède, dégueulasse même. Mais le corps d’une bonne femme, avec un cœur plus large que le monde, ça, ça reste. Toujours fidèle à ce qu’elle est, peu importe la distance.
Quant à mon pote écrivain… il flemmarde, il patine dans son roman. Le boulot le pompe, mais au moins, cette fois, il aime ce qu’il fait. Ça fait un bail que j’devrais lui botter le train, lui rappeler son foutu rêve, lui foutre une discipline, parce que monsieur est fatigué du boulot mais trouve toujours de l’énergie pour rigoler, aller en soirée, draguer tout ce qui passe. Ah, les jeunes ! Sauf que lui, il ne l’est plus tout à fait… faudrait peut-être qu’il s’en rende compte, non ?
Enfin bref, je file lui remonter les bretelles. À la prochaine, mon vieux. Et souviens-toi : la vie, c’est un beau bordel, mais c’est encore meilleur quand on sait s’en marrer.
Sebastian Blysk
Ecrivain
"J'ai failli pisser de joie. Je pisse toujours hors de propos. Je rêve de soulagement."
Romain Gary
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